Mot de la directrice artistique D. Kimm

Lorsque j’étais adolescente, je découvrais les surréalistes et la littérature d’avant-garde. Je voulais inventer ma vie et devenir un mélange d’Anaïs Nin et de Simone de Beauvoir. Je voulais aussi être un peu folle et fascinante comme la Nadja d’André Breton. Par la suite, j’ai simplement essayé d’être moi-même et c’était déjà tout un programme!

En préparant cette 6e édition de Phénomena, je me suis replongée dans le mouvement surréaliste et dada et ma vision est bien différente du temps de ma naïve jeunesse. Comme elles me paraissent dérisoires les petites guerres de coqs des mâles surréalistes et dadaïstes sur la paternité du mouvement et la pureté des intentions! Et comme il est incroyable de constater l’absence de femmes dans l’histoire de ces deux mouvements qui ont été si importants dans l’histoire de l’art!

Si la Femme était le sujet par excellence de la littérature, de la peinture et de la photo surréaliste, les femmes n’étaient pas particulièrement les bienvenues dans le «boys club». Du côté des dadaïstes, il y a eu bien sûr la merveilleuse Hannah Höch qui a réussi à prendre sa place, mais au prix d’un acharnement constant et en devant subir certaines humiliations. Et on connaît très peu de choses à propos d’Emmy Hennings qui, outre le fait d’être la femme d’Hugo Ball, était une performeuse importante au fameux Cabaret Voltaire.

On a commencé à réhabiliter la présence des femmes dans l’histoire de l’art et nous avons maintenant une bien meilleure connaissance du travail de Frida Khalo et d’Hannah Höch. Ces femmes extraordinaires sont connues pour avoir aimé passionnément (et généreusement!), tout en poursuivant leur quête artistique et en créant un univers personnel et touchant. J’aime à penser qu’elles étaient à leur manière… des filles électriques.