Ursula Rucker, invitée d’honneur

Ursula Rucker, authentique et vraie, gardienne de la sincérité

Until you have walked, run, fought a mile in her shoes
Don’t you dare stand in front of me and tell me
What a woman must do

Ursula Rucker

Tous ceux qui ont eu la chance de voir Ursula Rucker lors de son passage au FVA en 2004 comprendront pourquoi D. Kimm mijotait depuis longtemps l’idée d’en faire son invitée d’honneur. Issue du spoken word, de la musique urbaine et du hip-hop, elle s’est fait connaître par ses collaborations avec le groupe The Roots. Son travail est marqué par un engagement social et une préoccupation pour la collectivité. Sensuelle et énigmatique, Ursula Rucker fait partie de cette nouvelle génération de femmes fortes qui livrent sur scène leur parole incisive avec intelligence et sensibilité.

On parle souvent de la voix d’Ursula Rucker, mais c’est la passion qui lui donne cette sonorité si touchante. Car même si elle a une merveilleuse voix de mezzo-soprano, Ursula Rucker n’est pas «gentille». Elle exprime avec précision son vécu et sa vérité. Elle ne nous protège pas. Elle ne craint pas de s’aventurer dans les lieux profonds, intérieurs, sans dessus-dessous. Elle est authentique et vraie, et c’est cette intégrité qui la fait vibrer. Ce n’est pas pour rien qu’elle revendique une affinité avec la déesse égyptienne Ma’at dont le pouvoir est de garder la flamme de la vérité, de maintenir l’équilibre entre le principe, l’éthique et le quotidien.

Son parcours, entre mère, femme et poète

Née à Philadelphie, mère de quatre enfants, Ursula Rucker est diplômée en journalisme de l’Université Temple. Sa carrière a débuté en 1994 lorsqu’elle a participé à une soirée open mic au célèbre club le Zanzibar Blue de Philadelphie. Elle a collaboré par la suite avec d’autres artistes innovateurs dont 4hero, Jamaladeen Tacuma, King Britt, The Silent Poets, Josh Wink, et Bahamadia. Elle s’est fait remarquer pour ses contributions à quelques disques du groupe The Roots, incontournable de la scène hip-hop à Philadelphie.

Mélangeant les genres musicaux tout en gardant ses racines dans le hip-hop, Ursula est l’auteure de plusieurs disques dont Supa Sista (2001), Silver or Lead (2003), Ma’at Mama (2006) et Ruckus Soundsysdom (2008). Son travail brouille les limites de la poésie. Les histoires captivantes qu’elle a créées pour The Roots, telle la tragique «Return to Innocence Lost», sont motivées par l’engagement social et le besoin de dire.

Présence mystérieuse et incarnée, capable de discourir sur des sujets aussi variés que la condition des femmes, l’esclavage, l’amour et la politique, Ursula Rucker renouvelle le genre du spoken word avec sa façon inimitable de décliner. Entre talk-over à la Gainsbourg et flow hip-hop, Rucker jongle avec son débit et mêle méticuleusement ses mots à la musique. Elle ne chante pas, elle ne rappe pas, elle pose ses textes avec force et finesse. On la compare parfois aux poètes activistes Sonia Sanchez et Nikki Giovanni et de fait, Ursula revendique tout autant la maternité, l’activisme, le féminisme et la féminité.